“Quand bébé boude son assiette”, Popi n°403, mars 2020. Texte : Anne Bideault. Illustrations : Jean-Louis Cornalba.

Trucs et astuces pour un repas détendu avec bébé

Fini le temps où bébé mangeait tout ce que vous lui proposiez ! Vers 18 mois, il commence à repousser son assiette et les repas tournent parfois à l’épreuve de force ! Que se passe-t-il et comment réagir… avec calme ?

Quand bébé boude son assiette

Cette scène, on l’a tous vécue : l’enfant détourne la tête quand on approche une cuillère de sa bouche, il repousse l’assiette posée devant lui, il tripote les aliments, les fait tomber par terre, joue avec son bavoir, ses couverts, mange très lentement et très peu ou toujours la même chose… Un cauchemar, surtout quand cela s’éternise sur plusieurs semaines et se répète à tous les repas ! Rassurons-nous : il n’est pas le seul.
La “néophobie alimentaire”, expression qui désigne la réticence ou le refus de manger un aliment nouveau, constituerait une phase normale du développement de l’enfant. Et elle commence souvent entre 18 et 24 mois !

“Quand bébé boude son assiette”, Popi n°403, mars 2020. Texte : Anne Bideault. Illustrations : Jean-Louis Cornalba.

Il repousse des aliments qu’il aimait

À l’âge Popi, que d’apprentissages ! Prenez le temps de vous retourner sur les mois qui viennent de s’écouler. Votre enfant a appris à se déplacer seul, il sait maintenant porter lui-même la nourriture à sa bouche, avec sa cuillère ou à la main, il parle de mieux en mieux. Bref, c’est une petite personne qui a saisi qu’elle n’était ni sa maman, ni son papa, mais quelqu’un de différent. Pour en faire l’expérience, quoi de plus efficace que de décider, de s’affirmer ? Et de dire non. Y compris à ce qu’on aime.

Il refuse certaines textures

Alors qu’il raffole des carottes crues, il les refuse quand elles sont cuites. La viande ne passe pas, sauf quand elle est mixée. Les yaourts aux fruits, oui, mais pas en morceaux… Le cahier des charges est complexe ! Par ailleurs, pour un tout-petit, un détail peut tout changer. Un simple brin de persil va ainsi faire d’une classique purée de pommes de terre quelque chose de nouveau… Une présentation inédite, une nouvelle assiette, tout nécessite d’être observé, apprivoisé. Ce qui explique aussi son habitude de jouer avec la nourriture : il explore. Enfin, selon la sensibilité propre à chacun, certains enfants vont vivre de façon plus intense que d’autres l’apparition de textures, de saveurs, d’odeurs nouvelles.

“Quand bébé boude son assiette”, Popi n°403, mars 2020. Texte : Anne Bideault. Illustrations : Jean-Louis Cornalba.

Il réclame toujours la même chose

Pour faire court, les jeunes enfants, ces petits mammifères, sont programmés pour se tourner spontanément vers des aliments simples à identifier, sans trop de goût, et avec un fort apport calorique. Le portrait-robot des… pâtes ! Le rôle des parents est d’accepter cela, tout en gardant en tête que ce qu’apportent les fruits et les légumes est essentiel pour le développement et la santé de l’enfant. Prendre du plaisir à les manger s’apprend, progressivement, comme tout !

“Quand bébé boude son assiette”, Popi n°403, mars 2020. Texte : Anne Bideault. Illustrations : Jean-Louis Cornalba.

Il veut séparer les aliments

Le plat façon ratatouille ou “fourzitou” provoque des crises alors que, bébé, il mangeait des bouillies “chou-fleur-jambon-céleri” sans tortiller. Compréhensible ! Avant, il ne cherchait pas à analyser. Maintenant, son travail, c’est de décrypter, de comprendre le monde pour mieux l’apprivoiser : face à une assiette, il essaie de distinguer les aliments pour savoir s’il va aimer ou non… La ratatouille est un plat bien trop complexe pour cela !

“Quand bébé boude son assiette”, Popi n°403, mars 2020. Texte : Anne Bideault. Illustrations : Jean-Louis Cornalba.

Les secrets d’un repas réussi

Mais alors, comment retrouver l’appétit ? Trois règles de base : toute la famille a le même menu, chacun goûte à chaque aliment, on veille à servir des petites portions moins impressionnantes visuellement. En bonus, voici quelques astuces…

Jouez la répétition : les courgettes sont rejetées la première fois ? On en prépare une deuxième fois, quelques jours plus tard. à la dixième fois, le palais commencera à s’habituer au goût et à l’apprécier.

Faites participer votre petit cuistot aux coulisses du repas, en lui proposant de goûter, mâchouiller, sentir, triturer : c’est dur, c’est chaud, ça râpe… La carotte est d’abord dure et froide, on l’épluche, on la coupe, on la cuit : elle est chaude et molle. Le besoin d’exploration s’assouvit et s’épanouit aussi en cuisine.

“Quand bébé boude son assiette”, Popi n°403, mars 2020. Texte : Anne Bideault. Illustrations : Jean-Louis Cornalba.

Certaines familles optent avec succès pour la “diversification menée par l’enfant”. Au moment des repas, c’est à lui de jouer : divers aliments lui sont proposés, il se sert lui-même de ce qui l’attire et mange comme il le peut (souvent avec les doigts !).

Associez un aliment nouveau à un aliment qui remporte tous les suffrages. Crème fraîche, fromage râpé, riz… Choisissez vos alliés ! Si la courgette ne passe pas toute seule, en lasagnes, tout le monde en redemande.

Et enfin, parlons d’autre chose ! Discutons de la journée, avec l’enfant, ses frères et sœurs, entre adultes… Quand il ne sent plus les regards et la pression peser sur sa cuillère, celle-ci trouve plus facilement le chemin de la bouche.

Et… si l’ambiance familiale se crispe nettement pendant les repas sur une longue période, si votre enfant a un comportement similaire en dehors de la famille (nounou, crèche…), si porter à sa bouche quelque chose d’inconnu suscite chez lui une vraie angoisse… pensez à vous tourner vers un professionnel (médecin, PMI, psychologue…).

Merci à Natalie Rigal, chercheuse en psychologie du développement de l’enfant et spécialiste des comportements alimentaires à l’université Paris Ouest-Nanterre La Défense.

“Quand bébé boude son assiette”, Popi n°403, mars 2020. Texte : Anne Bideault. Illustrations : Jean-Louis Cornalba.

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