À Noël, les tout-petits reçoivent souvent une montagne de cadeaux. Et pas toujours écologiques… Est-ce bien nécessaire ? Popi livre ici quelques pistes pour réfléchir à des présents qui donnent du sens à cette fête.
La magie de Noël
Voilà votre tout-petit assis par terre ou lové dans son cosy, cerné par un monceau de cadeaux aux papiers chatoyants. Parents, grands-parents, oncles et tantes braquent leurs yeux ravis sur lui. Quel paquet va-t-il ouvrir en premier ? Quelle va être sa réaction ? L’impatience est à son comble. Mais pas forcément du côté espéré…
“À Noël, il est légitime d’avoir envie de recréer les moments merveilleux de notre enfance, et les cadeaux en font partie, concède Anne Gatecel, psychologue clinicienne. Mais pour un très jeune enfant, cela reste abstrait. Il n’a pas conscience qu’une personne en particulier lui offre ce nouvel objet.”
En revanche, il perçoit une vibration dans l’atmosphère, qui fait de Noël une période singulière. “On accroche des décorations, on dispose la crèche de Provence, raconte Jeanne, 36 ans. Je pense que ma fille de 3 ans est plus sensible à ce côté magique qu’aux cadeaux. Même si elle aime beaucoup les déballer.”
Faire plaisir, mais à qui ?
Déchirer un papier, le disperser aux quatre vents, recommencer… voilà la passion du tout-petit ! Il regardera probablement le premier présent avec intérêt, mais au dixième, son attention pour le contenu aura décliné. Au grand désarroi des membres de la famille, qui s’étaient fait une joie de ce moment…
“De toute façon, si on offre trop de cadeaux, l’enfant n’aura pas le temps de leur donner vie en y jouant”, s’exclame Anne Gatecel. Alors pourquoi continuer ? Le pédopsychiatre Patrick Ben Soussan répond sans détour à cette interrogation : “En achetant un nombre incommensurable de cadeaux, j’apporte la preuve que j’aime mon enfant. Et plus ils sont beaux et chers, plus je témoigne de mon attachement à son égard. Aux yeux de certaines personnes, un cadeau fait main n’aura pas la même valeur que le dernier jouet électronique à la mode.”
Et puis chacun agit en fonction de son histoire. Pour les parents comme pour les grands-parents, il est difficile de se réfréner lorsque l’on a vécu des Noël désargentés. Quel plaisir, alors, de “se rattraper” avec ses enfants ou petits-enfants ! Et quand notre fratrie ne boude pas son plaisir d’acheter une multitude de jouets à ses enfants, comment échapper à sa propre culpabilité d’en acheter moins ? “Pour le moment, cela ne me pose pas de problème que ma fille reçoive moins de cadeaux que ses cousins, constate Jeanne. Est-ce que ce sera différent à l’avenir ? Je ne sais pas. Plus tard, il faudra peut-être compenser avec un cadeau un peu clinquant.”
Moins de cadeaux, plus de sens
La première piste pour rompre avec l’excès de cadeaux ? En offrir moins et de meilleure qualité. Dès la naissance de son premier enfant, Lucie, 34 ans et mère de deux filles de 1 et 3 ans, a proposé aux membres de sa famille de se regrouper pour les acheter : “Je voulais garder le plaisir de la fête mais je trouvais que quatre ou cinq cadeaux pour un tout-petit, c’était déjà beaucoup, précise la jeune femme. Et puis j’ai une préférence pour les jouets en bois Montessori qui sont assez coûteux.”
Clémentine, mère d’un petit garçon de 3 ans, a elle aussi une préférence pour les objets en bois. “J’ai découvert une marque qui utilise des colorants à base de pigments naturels, ainsi qu’une colle sans formaldéhyde, précise-t-elle. Bon, le bois utilisé vient de Thaïlande, mais même lorsqu’on le souhaite, il est difficile d’acheter des jouets complètement écoresponsables…” Cette matière a dans tous les cas l’avantage de résister au temps.
“Si un jouet se dégrade trop vite, comment l’enfant pourrait-il s’y attacher ?, souligne Anne Gatecel. Offrir des objets durables, c’est transmettre une certaine idée de la relation humaine.” La psychologue conseille également de choisir, à partir de l’âge de 2 ans, des cadeaux permettant aux tout-petits de jouer à plusieurs. Moins de cadeaux, mais plus d’interactions familiales !
Offrir des moments de partage
Lorsqu’il y a peu de cadeaux à Noël, reste le plus important, sur lequel insiste vivement Patrick Ben Soussan : “Les plus jeunes ne perçoivent pas ce que les cadeaux représentent en argent, rappelle-t-il. On peut donc très tôt les éduquer à l’idée qu’il s’agit avant tout d’une période privilégiée pour l’échange et le partage.” C’est l’occasion de faire ensemble de longues balades, d’aller voir un spectacle de marionnettes, de se retrouver autour d’un puzzle… à chaque famille d’inventer les rituels qui feront de Noël un moment à part.
Et si on achetait d’occasion ?
Depuis sa création en 2010, l’association Rejoué donne une seconde vie aux jouets délaissés donnés par des particuliers. Sécurité oblige, ils doivent comporter le marquage CE. Nettoyés et restaurés, ils sont ensuite remis en vente à un prix modique dans les boutiques Rejoué de Paris et Ivry-sur-Seine. Autre point positif : l’association emploie des personnes en situation de précarité (en majorité des femmes), afin de les aider à trouver un emploi en CDI
- Téléchargez la liste d’autres boutiques de jouets d’occasion en France sur le site de l’association Rejoué.